Brenda Rae : Mais quel magnifique legato, quel phrasé, quelle maîtrise de la dynamique et quels ravissants pianissimi !
Notre souvenir de 2005, intense, reste intact. La grande Waltraud Meier, de noir vêtue, isolée sur l’immense scène nue de l’Opéra Bastille, fragile et forte à la fois, devant les imposantes projections d’images élaborées par Bill Viola, vrai maître du jeu de cette esthétique, par ailleurs minimaliste.
Malheureusement, les maisons d’opéra contemporaines préfèrent écouter des wokistes et des metteurs en scène détraqués par l’égocentrisme.
Jadis et naguère, sopranos et ténors, barytons, basses et mezzo proposaient à leurs fans un disque témoignage de leur répertoire.
A ce propos, j’ai une théorie : les yeux doivent ouvrir les oreilles, les yeux doivent multiplier ce que les oreilles entendent. Quand ça se passe mal : les yeux ferment les oreilles.
Il faut dire que Véronique Gens transcende le rôle d’Armide, dans lequel elle semble se draper sans effort, en dépit de ses difficultés et de sa longueur.
Malgré une intrigue privée de rebondissements dans les dernières scènes, le final revivifie. « Dansats, sautats, trémoussats bous » : ce revival Mondonville est décidément bien festif.