Iphigénie en Tauride. Il faut dire que Langrée dirige une équipe particulièrement inspirante. Dans le rôle-titre, la jeune soprano franco-algérienne Tamara Bounazou fait preuve d’une maturité et d’une endurance stupéfiantes, sachant graduer ses effets, ménager ses forces pour attaquer sans le moindre signe de fatigue le redoutable « Je t’implore et je tremble » et en triompher haut la main. La voix est dense, compacte, aussi assise dans le grave que libre dans l’aigu, encore un peu monochrome faute de vibrato, ce que compensent une diction superlative (« Chassons une vaine chimère » : le livret ne fait pas de cadeau)
Castor et Pollux. Les danseurs mâles, aux corps désarticulés, impressionnent dans leurs soli : belle idée de faire incarner l’âme expirante de Castor par un danseur au pied ailé. Mais, dans l’ensemble, cette scénographie qui se veut branchée et united colours of Benetton indispose par sa démagogie, sa pesanteur didactique, son opportunisme.
Les Brigands. La cage aux vol(eurs). Les costumes crypto-gays des brigands sont singulièrement hideux, et on se dit que le regietheater, pour qui Elektra équivaut à Rigoletto comme à Véronique, a encore frappé ; on se dit que, non, on n’a rien contre les trans, mais qu’à force d’ « inclusion », tout finit par se ressembler, de l’ouverture des JO à une soirée au Moulin rouge.
La mise en scène de Calixto Bieito ne s’est guère bonifiée, depuis qu’a été créée cette production, en 2018, mais le public, qui cette fois ne l’a pas huée, paraît s’y être habituée.
Adriana Lecouvreur. Ajoutons que l’interprète, qui ne triche à aucun moment, sait varier ses effets, projetant avec clarté le sprechgesang de Phèdre, trouvant pour « No la mia fronte » des teintes lunaires, morbides et, pour ses derniers mots un phrasé haché, un au-delà du chant. C’est sans doute à de tels détails que l’on reconnaît l’essence des vraies divas : la générosité.
CENDRILLON. Brenda Rae : Mais quel magnifique legato, quel phrasé, quelle maîtrise de la dynamique et quels ravissants pianissimi !
Brenda Rae : Mais quel magnifique legato, quel phrasé, quelle maîtrise de la dynamique et quels ravissants pianissimi !
Il faut dire que Véronique Gens transcende le rôle d’Armide, dans lequel elle semble se draper sans effort, en dépit de ses difficultés et de sa longueur.









