Die Fledermaus. Chaque 31 décembre et 1° janvier, l’Opéra de Vienne propose deux représentations de Die Fledermaus. Canular, travestissements, quiproquos font le sel de cette comédie au scénario loufoque. Le Docteur Falke veut punir son ami Gabriel von Eisenstein, qui l’a humilié en le contraignant au retour d’un bal costumé à traverser la ville déguisée en chauve-souris au vu de tous. Gabriel avant de purger une peine de prison pour insulte à agent décide d’accompagner Falke, qui fomente sa vengeance, au bal du prince Orlofsky. Il y retrouve sa servante Adèle déguisée et son épouse Rosalinde, invitée par le manipulateur : le mari ne reconnaît pas sa femme sous l’habit d’une comtesse hongroise masquée… et conquis lui fait la cour. Tout ce beau monde se rejoindra à la prison pour régler ses comptes.
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Die Fledermaus (en français, La Chauve-Souris) est une célèbre opérette viennoise de Johann Strauss II composée en 1874 et créée au Theater an der Wien de Vienne le 5 avril 1874. Issue d’une pièce autrichienne, puis adaptée en France, l’œuvre revient à Vienne, transformée par Genée et Haffner. Strauss achève la partition en 42 jours. Diffusion 31 décembre 2020, Wiener Staatsoper (live stream).
Gabriel von Eisenstein : Georg Nigl
Rosalinde : Camilla Nylund
Frank : Jochen Schmeckenbecher
Prinz Orlofsky : Okka von der Damerau
Alfred : Michael Laurenz
Dr. Falke : Martin Häßler
Adele : Regula Mühlemann
Frosch : Peter Simonischek
Dr. Blind : Robert Bartneck
Ida : Ileana Tonca
Iwan : Jaroslav Pehal
Das Wiener Staatsopernorchester
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Wiener Staatsballett
Direction musicale : Cornelius Meister
Mise-en-scène : Otto Schenk
Interprétation : *5*
Régie : *4,5*
Sur ce livret drolatique, Strauss a composé une musique étourdissante qui dès l’ouverture emporte le spectateur dans un tourbillon de fantaisie. Il faut pour l’interpréter des chanteurs brillants et bons acteurs. Les plus grands barytons, les plus splendides sopranos ont incarné Gabriel et Rosalinde. Il faut aussi la complicité du public et de ses rires. Or la crise sanitaire impose sa loi. Pas de spectateur aujourd’hui. Privé de récepteurs actifs, Die Fledermaus risquerait d’être du Champagne sans bulles, un Strüdel sans pommes, la Marche de Radetzky sans battements de mains. Mais pour séduire on peut compter sur l’inventivité de la musique, l’efficacité de la mise en scène et des trois décors, un peu kitch, le faste des costumes et le professionnalisme de toute la troupe.
En Rosalinde, Camilla Nylund, grande voix de soprano dramatique, comédienne subtile impose sa classe, l’intensité de sa Czardas nostalgique et enfiévrée, son engagement notamment dans la scène de la montre. Georg Nigl, intense interprète de lieder, séduit par sa voix souple de baryton, sa vigueur, son sens de la chorégraphie scénique pour construire le personnage du mari jaloux et volage, de fêtard enivré.
De Regula Mühlemann, qui excelle dans les rôles mozartiens, on aime la virtuosité, le phrasé, la délicatesse et l’abattage pour incarner une Adèle de rêve. Le duo avec Gabriel « Mein Herr Marquis » est un modèle de finesse. Le trio des adieux à l’acte I qui réunit les trois précités est plein de lyrisme ironique et d’entrain qui font le charme même de Strauss. Jochen Schmeckenbecher, grand wagnérien (Albérich dans la récente Tétralogie parisienne) est un luxe pour chanter Frank, directeur de prison et compagnon de beuverie débonnaire. La mezzo Okka von der Damerau endosse le rôle travesti du Prince Orlofsky avec une autorité réjouissante.
Michael Laurenz joue les ténors amoureux avec beaucoup d’autodérision et une voix bien timbrée. Enfin, le Docteur Falke, maître du jeu séduisant et stylé a l’allure et la voix tonique de Martin Hassler. Le mélancolique et superbe « Brüderlein » repris par tous résonne étrangement cette année. A l’acte III, les Viennois attendent… Frosch, le gardien de prison et ses allusions satiriques : Peter Simonischek, acteur chevronné bien connu ici, reste étrangement sobre (en paroles). Chaque 31 décembre, la scène accueille de prestigieux invités, feu d’artifice de surprises. Pas de guest star cette année : la pièce y gagne en cohérence.
Le début de l’acte III parlé est toujours un peu poussif. A cette exception théâtrale près, l’ensemble est conduit dans un rythme qui ne ralentit pas avec un orchestre (velours et flamme) et un chef (Cornelius Meister) survoltés, des chœurs qui pétillent et des danseurs endiablés. Tous font honneur à la production qui fêtera bientôt ses 50 printemps signée Otto Schenk. On y retrouve intacte et vivifiante la quintessence de l’esprit viennois. Champagne !
Bravo Jean, tu y étais de nouveau, malgré tous les désagréments. Merci beaucoup.